L’attraction et le débardage

J’envisage à moyen terme d’intégrer un atelier traction animale dans mon projet. Comme le BPREA(*) que j’ai choisi ne comporte pas de module de ce genre (les centres de formation qui le propose sont rares), je me suis dit qu’une petite initiation ne serait pas du luxe pour valider la piste.

Un Anv tracte entre les arbres

Direction le Haras d’Hennebont (anciennement haras national) pour 5 jours de formation avec Attelage Ar Maner. Au programme, deux jours de débardage dans le parc du Haras, puis une journée de travail de précision pour préparer le travail de la terre que nous ferons le dernier jour et au milieu de tout ça un journée d’attelage (calèche) en simple puis en paire.

Débardage

Tout travail de traction qu’il soit en vu d’atteler ou de tracter des charges commence par du travail en longues rênes. Après avoir passé en revu les différents types de harnachages et préparé les chevaux, nous nous dirigeons vers le manège (le temps n’est pas de la partie pour profiter de la carrière).

travail aux longues rênes avec palonnier

En débardage, le menage en longues rênes se fait sur le côté du cheval, ce qui est assez perturbant les premiers mètres mais se fait vite oublier. Dans un premier temps nous travaillons à vide pour nous concentrer sur la direction et les trajectoires. Nous avons deux chevaux bien mis mais avec des caractères très différents, la traction est en travail en couple (voire plus pour les lourdes charges) et l’accord cheval/homme est important. Certains préféreront des gros chevaux, souvent moins nerveux et plus puissant mais aussi plus lents, d’autres préféreront des chevaux plus légers et plus sanguins qui seront plus rapide mais aussi plus fins à mener (moins adaptés pour les travaux lourds). Nous travaillons avec Vivaldi, un bon gros trait breton au caractère bien trempé mais calme et concentré et avec (j’espère ne pas écorcher son nom breton) Un Anv un breton allégé par du pur sang anglais et du trotteur (on parle de cheval breton f3, il existe aussi des f2… Je n’approfondis pas mais le but est d’alléger le standard pour faire d’autres activités comme de la monte loisir).

Nous avons ensuite ajouté les palonniers et une faible charge (un pneu de voiture) pour simuler un objet tracter. Le menage se complique tout de suite, puisqu’il faut prendre en considération le déport. C’est un peu comme conduire une voiture avec une remorque, si vous coupez les virages, la remorque roule dans le fossé. La direction d’un cheval à notre niveau n’étant pas encore tout à fait au rendez vous, la concentration est de rigueur.

Le second jour nous avons pu passer aux choses sérieuses avec de vraies charges, en déplaçant une partie des coupes d’arbres stockées dans le Haras pour les rassembler. Le travail est le même que la veille mais avec de la transpiration en plus. Le travail en extérieur est plus fin mais les chevaux sont plus concentrés, pour eux c’est quand même plus sérieux que les pneus de voiture et les cônes orange.

Maraîchage

le 3 ème jour retour dans le sable, de la carrière cette fois, pour des exercices de menage un peu plus fins. Les cônes simulent les rangs de poireaux. Beaucoup de répétitions pour arriver à mener sans scalper les poireaux, ça n’a l’ai de rien mais c’est une journée assez intense en concentration. Cannelle a remplacé Vivaldi pour l’exercice.

Cannelle avec son matériel

Attelage

Le 4ème jour c’est une journée tourisme avec des balades en calèche. Je ne suis pas trop féru d’attelage, je trouve qu’il y a un peu trop de matériel et qu’on perd le contact avec le cheval qui est loin devant, mais je dois avouer qu’atteler des gros chevaux comme ça, c’est une sacrée expérience ! La puissance de ces gros nounours semble décuplée par le fait d’être assis en hauteur et de n’avoir comme contact que les rênes. En paire c’est encore plus fort, il faut un gros coeur 🙂

Un Anv et Cannelle en paire

Maraîchage bis

Pour le dernier jour nous sommes reçu au potager de Cosqueric qui nous prête ses rangées de poireaux, des vrais cette fois, pour une mise en pratique. La chance nous tourne un peu le dos pour cette dernière journée : le temps est pourri et la jugement de trait est blessées. Nous harnachons Kior, une petite ponette Shetland, parfaite pour le travail sous serre. Nous faisons une sortie en plein champ pour biner les poireaux mais le sol est lourd et boueux, pas du tout idéal pour l’exercice et Kior s’y fatigue vite. Nous la laissons profiter d’un repos bien mérité.

Binage

Bilan très positif malgré cette dernière journée en demi teinte qui me laisse un peu sur ma faim. Je prends conscience que le travail le plus important n’est pas celui que nous avons fait mais celui qui est fait avant : la formation du cheval avant d’arriver au niveau de finesse auquel nous avons pu travailler avec eux. La formation confirme que l’arrivée des chevaux dans ma future exploitation ne se fera sans doute que dans un second temps et en fonction du foncier auquel je pourrais accéder (aaaah le foncier, sans doute l’objet d’un autre post, voire de nombreux autres…). Je m’interroge aussi sur la manière de faire. En équitation, j’ai pris la décision de prendre un chemin un peu différent de l’équitation classique avec la mise en place d’une approche « éthologique », monte sans mors, pieds nus. Est-ce qu’il ne serait pas possible de suivre ce chemin en traction animale ? J’en rêve en tous les cas.

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