Les méandres de la création

Quelques petites nouvelles après de longs mois de silence. enfin, de longs mois… Le temps passe à une telle vitesse que j’ai l’impression d’avoir rédigé mon dernier billet la semaine dernière.

Le défrichage du terrain avance tranquillement, pas aussi vite que ce que je souhaiterais bien entendu, mais il faut reconnaître qu’il y a eu pas mal de changements depuis juin.

Je dois en même temps composer avec le temps que me prend mon BPREA, avec la vie de famille et avec les nombreuses démarches à effectuer (et là aussi en terme de défrichage je vous raconte pas le boulot).

Côté études je viens de finir de rédiger mon dossier technique (plus ou moins un rapport de stage) que je soutiendrai fin janvier. Il reste ensuite 2 rapports à rédiger (un dossier de fiches pratiques et un dossier projet) avec des soutenances en mai et juin. J’avoue avoir bien sous estimé le travail à fournir pour ce BPREA et tout ça me prend bien plus de temps que prévu. Temps en moins pour la préparation du terrain.

Côté démarches, ça avance mais vraiment rien est fait pour aider l’entrepreneuriat. Chaque démarche demande qu’une autre soit effectuée au préalable et parfois cette démarche préalable demande que celle qui y fait référence soit effectuée en premier… Certaines doivent être faites plusieurs fois sous plusieurs formes auprès de plusieurs organismes différents, avec des délais d’instructions différents. J’imaginais bien que tout ça me taperai sur le système et que ça prendrais du temps, je n’imaginais pas à quel point j’étais encore loin de la réalité, de la perplexité dans laquelle me renverrai la bêtise abyssale de l’administration et du système en général.

Quoi qu’il en soit ma crainte de devoir repousser la première saison à 2024 au lieu de 2023 se confirme. Actuellement impossible d’imaginer être prêt à temps pour 2023. Sans compter que pour des raisons de montage administratif et d’aide au retour à l’emploi je dois repousser la création de la structure juridique à mi-2023 au lieu de janvier comme je le souhaitais initialement. Pour certains organismes on ne peut pas être en formation et créateur d’entreprise en même temps… Sous peine de ne plus rentrer dans aucune case et donc disparaître. Je n’ai pas les moyens de me passer de mon ARE sans remettre en cause le projet lui-même. Et au passage, si le système est bancal, je remercie quand même mes conseillers pôle emploi pour leurs conseils.

J’ai quand même lancé la commande d’une partie de mes serres, au risque de ne pas pouvoir déduire la TVA… Et de les mettre en place en avance, au risque aussi de me faire embêter par les règles d’urbanisme. Puisque pas de création d’entreprise = pas de siret = pas de reconnaissance en tant qu’entreprise et donc pas d’accès aux règles d’urbanismes agricoles…

Lorsqu’on respecte les règles il faut au minimum 3 ans pour une installation agricole… Comment vit-on dans cet intermède ? tout le monde semble s’en foutre royalement.

Chose promise… Un petit billet heureux

Presque deux mois depuis mon denier billet !!! Et il s’en est passé des choses !

La première et très importante nouvelle est que le terrain est signé 🙂 Je suis donc propriétaire d’une parcelle de 3ha36. Enfin pour le moment je suis propriétaire de beaucoup de friche et le travail de débroussaillage y est donc en cours. Je ne divulgue pas tout de suite la localisation exacte, je suis en train de découvrir un peu le site au fur et à mesure de mes travaux forestiers. C’est un lieu où je me sens vraiment bien et j’espère sincèrement réussir à en faire quelque chose de bien.

Je ne sais pas encore si je serai en mesure de sortir une saison de culture en 2023 tellement le travail de nettoyage et d’organisation est énorme. Il y a tout de même environ un tiers de la surface pâturable par les chevaux et ils iront donc bientôt y passer un peu de temps.

C’est aussi un défit ce terrain… Il nécessite non seulement un bon rafraîchissement, j’en ai parlé, mais il y a aussi des pentes et dénivelés importants qui compliquent un peu les choses. Je l’avais annoncé dans un précédent billet, j’ai donc décidé de prendre un assistant mécanique.

Je vous présente Sunshine

Je l’ai très originalement appelé Sunshine puisque c’est écrit dessus. Pour le moment nous nous apprivoisons. C’est un garçon un peu rude mais très peu gourmand en carburant (avec le temps caniculaire des derniers jours je crois boire plus d’eau que lui n’a bu de gasoil).

La difficulté est maintenant de trouver du temps pour m’asseoir devant mon écran, travailler mes cours de BPREA, et remplir la pile de formulaires administratifs et autres documents utiles (assurances, création des statuts…). Et surtout définir une stratégie un peu globale et fixer des jalons, essayer de découper tout ce que je souhaite faire et mettre en place en tranches et les manger tranquillement l’une après l’autre sans en faire un concours du plus gros mangeur.

Le temps qui filait déjà vite s’est encore accéléré. J’en ferai d’ailleurs sans doute un autre billet bientôt, du temps. Quand j’aurai le temps :p . Ce piège qui vous mange le cerveau 🙂

Utopie versus productivisme

Bon j’ai dit que j’essaierai de tout dire, le bon comme le mauvais, que j’essaierai de traduire ici les questionnements, les tâtonnements, les choses qui m’animent… Le mauvais je l’ai un peu fait dans un article précédent. Les questionnements il y en aura beaucoup, mais déjà ici un peu…

Je suis en ce moment dans une espèce d’entre deux chaises. Et même si choisir la bonne chaise n’est pas encore urgent, il va bien falloir à un moment asseoir une décision et si possible la bonne.

J’explique…

Lorsque je me lance dans mon projet de reconversion, je ne le fais pas en partant de totalement rien. J’ai eu l’occasion (et je continue) de lire des ouvrages, d’expérimenter dans mon jardin, de rencontrer des producteurs, des personnes en cours d’installation… En m’acculturant de la sorte je me suis forcément forgé un avis sur certaines pratiques, certaines orientations… Ce que j’aimerai, ce que j’appliquerai, et au contraire ce dont je ne veux pas, ce qui ne me convient pas… Mais je l’ai fait en tant qu’autodidacte, sans objectif professionnel et sans nécessité de rentabilité. J’ajoute à ça un passé un peu militant du logiciel libre (que j’utilise toujours exclusivement) ce qui fait que, nécessairement, j’envisage ma pratique « agriculturelle » sous un angle plutôt orienté vers la sobriété, l’écologie…

Je m’y attendais mais la logique productiviste et la logique de rentabilité sont celles qu’on nous enseigne en formation. Pour atteindre ses objectifs le maraîcher est aidé, de bâches plastiques de toutes sortes et pour tous usages, de tracteurs, de travail du sol, d’outils, de tuyaux d’irrigation, de forages, de semences améliorées (F1), de la science (plans in vitro), d’engrais… Et clairement d’un point de vue production ça semble marcher. Et sans juger les milliers de personnes qui travaillent avec ces aides matérielles, j’ai parfois l’impression que produire des légumes, même bio, relève plus de la guerre contre la nature. Reste que le plastique et le pétrole sont partout, et qu’il semble que ce soit normal. Encore une fois je ne reproche rien, c’est un constat. Ce qui me semble en revanche plus discutable, c’est que ce ne semble pas être une source de questionnement particulière. La durabilité des matériaux est rarement abordée, leur origine non plus et les alternatives quasiment pas. Par exemple, un tuyaux d’irrigation plastique qui dur 10 ans vaut peut être le coût ? Une bâche de paillage qui vie la durée de la culture en place parait nettement moins responsable, peut importe son prix.

En mon fort intérieur, j’ai parfois l’impression qu’on se trompe, j’ai parfois l’impression que le coût écologique de tout ça est disproportionné. Mais a-t-on le choix ? Est-ce utopique de tenter de produire sans tout ça ?
Peut on se passer d’une serre en Bretagne ? Sans doute pas. À moins de produire uniquement de mai à octobre (et encore beaucoup de choux et de poireaux).

Il y a aussi des personnes qui tentent de faire autrement, de trouver des alternatives, écologiques, économiques, sociales. Mais clairement ce ne sont pas des modèles mis en avant dans le cursus agricole. On trouve pourtant des pistes : en lisant « permaculture » du couple Hervé-Gruyer, en lisant « permaculture » de David Holmgren, en lisant « la révolution d’un brin de paille » de Masanobu Fukuoka. Certains semblent donc y arriver. Est-ce viable ? et d’ailleurs comment définir ce qui est viable ? Le seul indicateur réellement important actuellement semble être la rentabilité économique, le chiffre d’affaire par hectare. Le chiffre d’affaire par unité de main d’œuvre. Le volume produit…

En parallèle de tout ça le constat environnemental est assez angoissant : dérèglement climatique, accroissement des ravageurs, accès à l’eau… sans un minimum de « technologie » ces éléments semblent presque insurmontables.

Alors j’en suis là de mes réflexions. Comment réussir a concilier tout ça ? Produire moins ? Produire autrement ? Et comment ? Produire autre chose ? Produire moins longtemps ? Que faire alors le reste du temps ?

Je sais déjà qu’il me faudra un petit tracteur pour ne pas me tuer à la tache, pour porter les charges ,vu les pentes sur mon futur terrain. Déjà je transige… Une serre sans aucun doute… Et puis après, quoi d’autre ?

(le prochain article sera positif, promis 😀 )

Ça avance !

Je n’ai pas pris le temps de venir écrire depuis quelques semaines maintenant, après un billet mi-figue mi-raisin. Mais ce silence n’est en rien lié à un quelconque découragement, au contraire, il est lié à l’effervescence du moment.

Côté foncier

Ça avance ! J’ai fait une offre pour un terrain à 2,5km de chez moi. C’est un terrain franchement compliqué et avec un travail de préparation (élagage, défrichage…) assez important, beaucoup de pentes… Sans doute pas le choix de la facilité, mais il est beau et bien placé. Le compromis a été signé ce matin ! Les propriétaires sont d’accord pour que j’y accède à partir de là pour entamer le travail de défrichage. Les démarches sont entamées pour la certification bio aussi.
Il y a pas mal de choses à lancer avant de pouvoir attaquer réellement le travail, en particulier la certification bio qui impose de n’avoir touché à rien avant le passage du « certificateur ». Il y a également les démarches administratives obligatoires comme l’autorisation d’exploiter. Et l’insupportable attente des délais de préemption…

Côté formation

Ça avance ! Mes deux premières semaines de stages ont eu lieu. J’ai attaqué par le maraîchage. Je passerai en tout d’ici septembre 4 à 5 semaines chez mon presque voisin Loïc Bernard, « Aux bio légumes ». Les courbatures ont été sévères le week-end suivant mais la semaine a été super avec un temps inespéré. Au programme, plantations d’oignons, désherbage, récoltes (betteraves, épinards, poireaux…) et quelques semis, repiquages.

Aux bio légumes

La semaine dernière j’étais chez Claire Galéron au « sentier des arômes » à Saint-Evarzec pour mon stage Plantes à Parfums, aromatiques et médicinales (PPAM dans le jargon). J’y passerai environ 8 semaines jusque septembre. Nous avons entamé la semaine par un peu de préparation de tisanes avec les dernières récoltes de la saison passée, ensuite nous avons lancé les semis pour la saison et entamé le désherbage. J’ai hâte de retrouver les semis dans quelques semaines pour voir comment ils ont poussé.

Sentier des arômes

La préparation du potager de la maisonnée a bien avancé, nous arrivons bientôt au bout du grelinage et du paillage. Une partie des semis est lancée. Il en manque encore pas mal. Je manque de temps entre stages et cours (et formalités administratives diverses) pour y passer autant de temps qu’il faudrait. Mais tout avance et ça fait bien bien plaisir.

Je fais court pour cette fois, plus d’informations dans quelques jours !

L’instant du renard

J’improvise un peu, là, à brûle-pourpoint. Quand j’ai créé ce blog je m’étais dit que j’essaierai de ne pas faire de l’insta(gram)-washing, c’est à dire de ne pas tenter de faire croire que tout est merveilleux à coup de filtres photo. J’ai lu récemment quelques pages (fb, insta…) dans lesquelles des jeunes installé.e.s explosaient tout à coup en dévoilant que non tout n’est pas beau et rose quand on se lance dans un projet de reconversion, de micro-ferme, de paysannerie, il y a des moments de fatigue de découragement… Et donc je m’étais promis de dire la vérité, rien que la vérité, dès le début, pour ne pas donner l’impression que c’est facile puis de risquer d’exploser en vol sans raison apparente à un moment donné. Je ne me doutais pas que ce genre de moment arriverait aussi vite et pour des raisons aussi multiples.

spoiler : cet article possède une happy-end ou plutôt, une fin heureuse. Si vous êtes plutôt du genre à ne croire qu’en l’amour ou ne lire que les dernières pages d’un livre alors cliquez ici. Les amoureux des mélodrames peuvent tout lire.

Le journal des plaintes

Comme pour beaucoup d’entre nous, les dernières semaines ont été un peu éprouvantes : enfant cas contact et re contact de cas contact, le planning qui part sans cesse en vrille, les rendez-vous annulés, l’impossibilité de respecter ses objectifs parce que non un enfant de 2 ans ne comprend pas « non, papa travaille » alors qu’une rangée de majorettes orne le clavier de son ordinateur. Puis l’enfant en question est à son tour malade, mais non, tests négatifs, « juste gastro », nuits déréglées pendant des jours et des jours, rendez-vous de nouveau annulés pour le garder, retard dans les cours… Et encore, se lever pour son enfant aussi nauséabond soit-il, ça reste une partie facile, l’Amour n’a pas d’odeur.

Ce que je n’avais pas mesuré c’est la décompensation après avoir quitter une Entreprise dans laquelle j’ai travaillé 12 ans et pour laquelle j’avais (j’ai toujours sur le principe) un profond attachement. Je ne regrette pas de l’avoir fait, pas une seconde. Mais une rupture, même conventionnelle, n’est pas sans conséquences. Un deuil est en cours.

Ce que je n’avais que partiellement anticipé, c’est le poids administratif pour amorcer ces changements et l’âge de pierre des administrations qui en assurent la gestion. Le parcours d’installation (parcours PPP), se fait exclusivement en version papier… Des pages et des pages rien que pour déposer le dossier et amorcer, pas de suivi de dossier, vous déposez votre dossier et vous attendez, à l’ancienne.
Ce que je n’avais pas anticipé non plus, c’est que pôle emploi mettrait en cause la mise en place de mon indemnisation… Dans le feutré d’une maltraitance institutionnelle assez manifeste. (Si une tête pensante de Pôle Emploi a envie de rendre la dématérialisation des démarches en ligne un peu intelligente et humaine, contactez moi je peux vous orienter). Je ne vais pas développer ici, mais en gros une enquête est en cours pour savoir si je mérite mon indemnité (j’en ferai peut-être un article un jour). Pour le moment, je ne sais donc pas si je serai demain sans ressources ou non. Autant dire que ça pèse un peu dans le projet… Et dans la qualité des mon sommeil.

Il suffit ensuite de saupoudrer de quelques grammes d’anxiété naturelle et de stress et vous obtenez une moyenne d’environ 4 heures par nuit depuis plusieurs mois. Sans même avoir vraiment commencé à taper dans la butte.

Intermède

Oui je vous entends dire, holàlà, si il se décourage déjà maintenant, il est pas arrivé le garçon, tout ça n’est pas si méchant. Et vous n’aurez pas tord. J’ai parfois besoin de tout voir en noir et de m’apitoyer un bon coup, pour recoder le logiciel et repartir de l’avant. Ce recodage il tient souvent à pas grand chose, une phrase dans un livre, une rencontre, un micro-évènement, juste un instant… Il a fallu un peu de tout ça, mais le point final a été…

le renard

Ce matin je suis rentré dans le champ.

La première chose que je fais toujours, c’est chercher des yeux mes deux protégés. Mes deux pies (terme relatif à leur couleur). En général je leur parle de loin, mais ce matin, non. Je suis resté silencieux, concentré sur eux, j’ai profité de chaque pas qui me séparait du premier. Dans ces moments une part de moi se tait totalement à l’intérieur, elle accepte de se taire, d’arrêter de me harceler de questions, de plannings, de calculs, de liste de tâches… Une autre s’ouvre totalement, au chant des oiseaux, aux herbes gelées sous mes pieds et du coin de l’œil, là, à quelques mètres, au renard.

Il ne m’a pas vu. Je suis à 50 mètres de lui, peut-être moins, comment est-ce possible ? Il n’y a que les herbes de la prairie qui nous séparent. Je me déplace encore de quelques pas de manière à ce que mes jambes se confondent avec celles des chevaux, je me mélange à eux. Je salue silencieusement mon grand clown dégingandé (promis je vous parlerai de mes chevaux un jour, je ne suis pas prêt), je prends sa tête dans mes bras et lui gratte le menton et la houppette. Il se dégage au bout de quelques secondes et se tourne pour me tendre ses fesses… Je suis son gratte cul. L’Amour n’a pas d’odeur ? (ellipse).

Je me faufile entre les chevaux pour m’approcher de mon prince cheval, le sage, il est le plus prêt du petit indigent qui s’est maintenant animé. Je m’étonne d’ailleurs de cette proximité. Le renard jette en l’air ce qui semble être un petit rongeur, il est jeune, il est magnifique. Tout occupé a son affaire, il ne m’a toujours pas vu. Au moins 10 minutes que je suis dans le champ et il ne m’a toujours pas vu, ni entendu. Je suis le vent, je suis un souffle, je suis un songe. Mon prince n’a pas très belle allure cet hiver, le front dégarni et le poil triste, mes efforts pour le débarrasser des parasites sont pour le moment vains. Il accepte néanmoins volontiers mes hommages, la tête dans mes bras à son tour et des grattouilles, bien appuyées.

Il se passe encore 10 minutes, le renard a mangé sa prise et se concentre sur une prochaine chasse. Par chez nous et dans cette période hivernale, un renard qui croise un humain à cette distance a peu de chances de survie. Je n’en reviens pas de son insouciance. Et puis tout à coup, je me sens heureux, j’ai envie de le remercier. Ce renard, en quelque sorte vient de m’adouber. Je suis le vent, je suis un souffle, je suis un songe. Je suis cheval, au milieu des chevaux. Je suis renard dans la prairie. Je suis à ma place d’animal humain. Enfin… je me recharge.

Tout à coup je réalise que tout ça n’a pas beaucoup d’importance. Je ne sais pas encore où m’emmèneront mes projets, ni même si à l’arrivée les choses ressembleront à ce que j’avais imaginé, ni même si ça fonctionnera. Quelle importance ? Je sais que toutes les décisions que j’ai prises sont pour le moment les bonnes. Y en a-t-il de mauvaises ? Je sais que je vais y arriver… Quelque soit le chemin… Quelque soit où il mène. J’y serai. Grâce à mon renard intérieur, porté par les jambes de mes chevaux.

Je suis le vent.

la quête du foncier ou le terrain parfait

Si vous envisagez de vous lancer et que vous n’avez pas la chance d’avoir un parent agriculteur ou ancien agriculteur qui peut mettre à votre disposition des terres (prêter, louer, vendre…), alors je vous prédis quelques nuits blanches.

La recherche

Je cherche depuis quelques mois (années presque) activement et même frénétiquement depuis quelques semaines… et des nuits blanches j’en connais quelques unes (par exemple là maintenant pendant que j’écris ces lignes). Chercher en ligne sur internet, surveiller les sites de la safer, répertoire départ installation ou les sites plus ciblés comme terre de liens ou agro-bio, les sites d’annonces privés… C’est un bon début, mais pas suffisant. Les contacts locaux sont indispensables et ça peut être une partie difficile lorsqu’on a pas naturellement tendance à aller taper aux portes : parler aux voisins, aller voir les agriculteurs autour, y retourner régulièrement. Faire des relations publiques en somme. Même avec ça je commence juste à avoir des pistes (dont certaines se sont vites refroidies). Et même là, la patience est de rigueur. Si vous décidez de vous installer sur vos terres natales, vous gagnerez sans doute des points, on ne mesure pas le temps que prends de tisser un réseau de connaissance lorsqu’on s’installe quelque part et la méfiance des autochtones pour les nouveaux arrivants (attention hein ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je suis bien reçu à peu près partout ou je passe, mais ne pas être issu de la même terre reste parfois un frein à la transmission potentielle d’une terre).

Sans capacité agricole point de salut

Il y a aussi le fait d’être le cul entre deux chaises. Je suis inscrit en formation et j’aurai dans quelques mois la capacité agricole, mais l’accès à la terre n’est lui réellement possible qu’après obtention de ce fameux sésame. Pas encore diplômé donc pas prioritaire aux yeux de la safer (qui réglemente la vente des terres agricoles), avec toutefois la nécessité de prévoir une mise en place des cultures ( faire ou acheter les semis, semer, planter) en amont pour pouvoir lancer une première saison dès le diplôme obtenu. Et impossible de préparer cette installation sans avoir la terre et un minimum d’infrastructures en place, comme une serre par exemple… Indispensable en Bretagne. Et une serre ne se pose pas juste comme ça au milieu d’un champ.

Mon diplôme devrait être effectif en juin 2023, si j’accède au foncier à partir de cette date, la saison 2023 sera déjà foutue. Cela signifie que si j’attends ma capacité, je ne pourrais réellement commencer à produire qu’en 2024….

Quand je vous dis que ce n’est pas simple:)

Le « bon plan »

Une dernière solution est de dégoter une terre « dont personne ne veux » (si aucun acheteur prioritaire ne se positionne dessus, alors vous aurez une chance de pouvoir l’acheter ou le louer, mais si personne n’en veut il y a sans doute une raison… ou plusieurs) ou de rencontrer un propriétaire convaincu par votre projet et prêt à vous supporter en vous mettant de la terre à disposition (avec option d’achat à l’obtention de votre diplôme par exemple).

Acheter ou louer ?

Il y a des avantages dans les deux cas. Louer vous permet de vous tester sans investir massivement et de vous déplacer si le terrain ne s’avère pas en accord avec vos productions (c’est mieux de s’en assurer avant de commencer mais bon). Ce la vous permet aussi de démarrer si vous n’avez pas les moyens d’acheter et pas envie de recourir aux banques. En revanche, même si un bail agricole protège relativement bien le locataire, le risque est de devoir en partir contre son gré alors qu’on a massivement investit dans le travail de son sol. Quand on a passé plusieurs années à travailler son sol pour le rendre productif et compatible avec son mode de production ça peut être une très grande perte. Je n’écarte pas la location, mais pour des terres « complémentaires » uniquement, qui me permettrait de faire pâturer les chevaux et produire du foin (pour les chevaux et pour le paillage).

Et donc vous l’aurez compris je suis plutôt favorable à l’achat, en tous les cas pour le socle de l’exploitation qui accueillera les cultures et les bâtiments.

LE terrain

Mon objectif d’essayer d’éviter de recourir aux banques. Ce qui veut dire ne pas acheter une exploitation de 40ha ou plus avec un endettement à vie. Le hic c’est que c’est précisément ce que vendent les agriculteurs qui partent à la retraite (avec des milliers de mètres carrés de bâtiments, des parcs de tracteurs…). Ces mêmes agriculteurs sont peu enclins à morceler l’exploitation en vendant une partie seulement (et c’est compréhensible, une exploitation amputée pourra parfois ne plus être en adéquation avec le bâti et le matériel…). Autant dire que ça ne facilite pas un retour à la paysannerie.

De mon côté le soucis se situe au niveau de la gestion des chevaux. Seul avec un peu de mécanisation je pourrais tout à fait partir sur une petite surface (moins d’un hectare). Mais si je veux intégrer rapidement un cheval de trait (et faire venir mes deux chevaux de loisirs sur l’exploitation) on parle tout de suite de beaucoup plus. Un minimum de 5 ha est à envisager, idéalement entre 8 et 10 serait parfait. Encore une fois tout ça peut se faire progressivement, mais un des gros frein à la traction animale c’est le fait que les parcelles d’une exploitation ne soient pas regroupées. Déplacer les chevaux et leur matériel de quelques kilomètres à chaque intervention sur une parcelle est extrêmement chronophage.

Et puis il y a aussi toutes les autres considérations : orientation du terrain, pente, nature du sol, irrigation… à prendre en compte. Donc même une fois sur la piste d’un terrain, ce ne sera peut-être pas le bon pour des tas de raisons.

En attendant

Un peu épuisé par mes recherches, celles DU terrain idéal, j’ai décidé d’arrêter de me biler et d’essayer de commencer petit et de faire progressif. Plutôt que tourner en rond comme une souris dans son bocal, j’ai décidé de me faire un bac à sable dans le jardin en mode micro-ferme. Donc en cours : préparation de nouvelles zones de cultures. Je vais également agrandir le potager familial. Il y a pas mal de plantations que je n’ai pas lancé à l’automne (nouveaux fruitiers notamment) et que je lancerai sans doute au printemps. Le terrain n’est pas idéal pour plein de raisons, mais le terrain idéal n’existe pas, alors autant commencer maintenant. Ça me laisse environ 3000 m² utilisables en mode découverte (nous avons déjà un potager qui occupe une 100 aine de mètres carrés pas du tout optimisés). Ce site restera en mode permaculture comme une zone de test et d’essais mais au moins ça permet de se concentrer sur le fond de l’affaire. Le plus dur est de devoir attendre de lancer le volet traction… patience.

Ajout de dernière minute

Au moment ou j’écrivais cet article, j’ai été pris d’un petit coup de sang et j’ai décidé de lancer un appel sur le groupe facebook de mon village. J’ai été faible. Et bien j’ai eu des retours et des contacts très sympas. J’ai deux pistes que je suis en train d’explorer avec je l’espère des opportunités à venir. Comme quoi…

Les sites pour la recherche de foncier :

Safer : https://www.safer.fr/

répertoire départ installation : https://www.repertoireinstallation.com/index.php

objectif terres (terre de liens) : https://www.objectif-terres.org/

agrobio : https://www.agribiolien.fr/

Intégrer l’artisanat dans le projet ?

Dans mon premier article sur ce blog, j’évoquais l’artisanat comme une piste de diversification possible de ce que j’espère être ma future exploitation. Je ne sais pas encore comment, ni si en terme de temps ce sera vraiment possible, mais j’envisage un peu ça comme la possibilité d’une activité pendant les périodes un peu dure de l’année, l’hiver en particulier. Le moment ou l’activité est réduite et le temps ne permet pas nécessairement de travailler dehors. Je ne sais pas encore si je pourrais aller jusqu’à produire certaines de mes matières premières, mais c’est une piste de réflexion.

Jusqu’à maintenant je me suis plus exercé à la couture, mais je me suis attaqué un peu la broderie ces derniers temps, à la menuiserie et j’ai un chantier couture du cuir en attente depuis plusieurs mois… Trop d’envies pour tout faire en même temps !

ci-dessous quelques créations, rien qui puisse passer raisonnablement passer à la série à ce stade… prototypes en quelque sorte…

Fabrication d’un avion avec des chutes de bois

Poncho en jean (tissu bio de fabrication française 1083), doublure laine anthracite, col roulé et insert brodé à la main.

Et d’autres trucs en vrac; la plupart du temps j’oublie de prendre ce que je fais en photo…

L’attraction et le débardage

J’envisage à moyen terme d’intégrer un atelier traction animale dans mon projet. Comme le BPREA(*) que j’ai choisi ne comporte pas de module de ce genre (les centres de formation qui le propose sont rares), je me suis dit qu’une petite initiation ne serait pas du luxe pour valider la piste.

Un Anv tracte entre les arbres

Direction le Haras d’Hennebont (anciennement haras national) pour 5 jours de formation avec Attelage Ar Maner. Au programme, deux jours de débardage dans le parc du Haras, puis une journée de travail de précision pour préparer le travail de la terre que nous ferons le dernier jour et au milieu de tout ça un journée d’attelage (calèche) en simple puis en paire.

Débardage

Tout travail de traction qu’il soit en vu d’atteler ou de tracter des charges commence par du travail en longues rênes. Après avoir passé en revu les différents types de harnachages et préparé les chevaux, nous nous dirigeons vers le manège (le temps n’est pas de la partie pour profiter de la carrière).

travail aux longues rênes avec palonnier

En débardage, le menage en longues rênes se fait sur le côté du cheval, ce qui est assez perturbant les premiers mètres mais se fait vite oublier. Dans un premier temps nous travaillons à vide pour nous concentrer sur la direction et les trajectoires. Nous avons deux chevaux bien mis mais avec des caractères très différents, la traction est en travail en couple (voire plus pour les lourdes charges) et l’accord cheval/homme est important. Certains préféreront des gros chevaux, souvent moins nerveux et plus puissant mais aussi plus lents, d’autres préféreront des chevaux plus légers et plus sanguins qui seront plus rapide mais aussi plus fins à mener (moins adaptés pour les travaux lourds). Nous travaillons avec Vivaldi, un bon gros trait breton au caractère bien trempé mais calme et concentré et avec (j’espère ne pas écorcher son nom breton) Un Anv un breton allégé par du pur sang anglais et du trotteur (on parle de cheval breton f3, il existe aussi des f2… Je n’approfondis pas mais le but est d’alléger le standard pour faire d’autres activités comme de la monte loisir).

Nous avons ensuite ajouté les palonniers et une faible charge (un pneu de voiture) pour simuler un objet tracter. Le menage se complique tout de suite, puisqu’il faut prendre en considération le déport. C’est un peu comme conduire une voiture avec une remorque, si vous coupez les virages, la remorque roule dans le fossé. La direction d’un cheval à notre niveau n’étant pas encore tout à fait au rendez vous, la concentration est de rigueur.

Le second jour nous avons pu passer aux choses sérieuses avec de vraies charges, en déplaçant une partie des coupes d’arbres stockées dans le Haras pour les rassembler. Le travail est le même que la veille mais avec de la transpiration en plus. Le travail en extérieur est plus fin mais les chevaux sont plus concentrés, pour eux c’est quand même plus sérieux que les pneus de voiture et les cônes orange.

Maraîchage

le 3 ème jour retour dans le sable, de la carrière cette fois, pour des exercices de menage un peu plus fins. Les cônes simulent les rangs de poireaux. Beaucoup de répétitions pour arriver à mener sans scalper les poireaux, ça n’a l’ai de rien mais c’est une journée assez intense en concentration. Cannelle a remplacé Vivaldi pour l’exercice.

Cannelle avec son matériel

Attelage

Le 4ème jour c’est une journée tourisme avec des balades en calèche. Je ne suis pas trop féru d’attelage, je trouve qu’il y a un peu trop de matériel et qu’on perd le contact avec le cheval qui est loin devant, mais je dois avouer qu’atteler des gros chevaux comme ça, c’est une sacrée expérience ! La puissance de ces gros nounours semble décuplée par le fait d’être assis en hauteur et de n’avoir comme contact que les rênes. En paire c’est encore plus fort, il faut un gros coeur 🙂

Un Anv et Cannelle en paire

Maraîchage bis

Pour le dernier jour nous sommes reçu au potager de Cosqueric qui nous prête ses rangées de poireaux, des vrais cette fois, pour une mise en pratique. La chance nous tourne un peu le dos pour cette dernière journée : le temps est pourri et la jugement de trait est blessées. Nous harnachons Kior, une petite ponette Shetland, parfaite pour le travail sous serre. Nous faisons une sortie en plein champ pour biner les poireaux mais le sol est lourd et boueux, pas du tout idéal pour l’exercice et Kior s’y fatigue vite. Nous la laissons profiter d’un repos bien mérité.

Binage

Bilan très positif malgré cette dernière journée en demi teinte qui me laisse un peu sur ma faim. Je prends conscience que le travail le plus important n’est pas celui que nous avons fait mais celui qui est fait avant : la formation du cheval avant d’arriver au niveau de finesse auquel nous avons pu travailler avec eux. La formation confirme que l’arrivée des chevaux dans ma future exploitation ne se fera sans doute que dans un second temps et en fonction du foncier auquel je pourrais accéder (aaaah le foncier, sans doute l’objet d’un autre post, voire de nombreux autres…). Je m’interroge aussi sur la manière de faire. En équitation, j’ai pris la décision de prendre un chemin un peu différent de l’équitation classique avec la mise en place d’une approche « éthologique », monte sans mors, pieds nus. Est-ce qu’il ne serait pas possible de suivre ce chemin en traction animale ? J’en rêve en tous les cas.

Démarrage la fane entre les dents !

Le voilà, le premier article du blog. Publié sur un site pas tout à fait fini, posé à la va vite sur internet. Je ne pense d’ailleurs pas rester sur cette plateforme mais elle fera l’affaire pour l’instant. Tout à coup le contenu me paraît plus important que la forme (plate ou non).

Pour le pourquoi du comment du blog vous pouvez consulter les pages « l’auteur » et « pourquoi une carotte bleue ? ».

Mon ambition est de faire évoluer progressivement ce site pour en faire un peu plus qu’un blog, autour de deux axes principaux : l’agriculture (au sens d’agriculture paysanne) et l’artisanat qui sera en fait un grand fourre tout de choses que j’ai envie de faire, un lieu d’expérimentation où vous pourrez parfois me voir me rétamer en beauté (en général c’est le moment où je dis « c’est juste un prototype »), on va rire un peu je vous le dit.

Dans un premier temps se sera plus un retour d’expérience sur la formation que j’entame et mes rencontres et une présentation de projets en cours ou non.

Une page facebook est en cours de création… Ça m’arrache un peu les doigts de l’écrire, mais l’objectif est uniquement d’y signaler la publication d’articles ici, donc je n’y mettrais que des liens. Idem un compte Instagram en cours, même combat. Le but est uniquement de gagner un peu de référencement, je n’aurais pas grand-chose à y faire.

J’envisage ensuite d’ouvrir sur le site une partie boutique en ligne pour la vente d’objets principalement, mais pourquoi pas, si tout fonctionne correctement, de la vente de produits, paniers de légumes… d’ici quelques mois. Mais ne mettons pas la charrue avant les chevaux. De la même manière, le but sera de me passer des plateformes de vente en ligne des gafams et autre au maximum, mais j’y seraient sans doute référencé…

Je suis en parallèle en recherche de foncier pour démarrer tranquillement pendant ma formation. Pour ceux qui ont un pied dans le milieu agricole ou qui s’y frottent en ce moment, vous savez que ce n’est pas la partie la plus simple.

Je reviens très vite… avec des chevaux…