Le printemps est en avance

Il s’est passé encore beaucoup de choses depuis mon dernier billet. J’aimerais prendre plus de temps pour détailler, mais le temps est précisément ce qui me manque cruellement…. Enfin non, ce n’est pas tout à fait vrai, j’ai du temps mais qui est occupé de manière assez frénétique ; j’aimerais juste que les journées soient plus longues de quelques heures pour pouvoir tout faire.

La météo s’améliore et j’ai donc pu avancer un peu dehors. j’ai créé une ouverture dans le talus le long de la route ce qui permettra plus tard d’en faire une sortie, pour le moment c’est aussi une entrée qui me permet de circuler avec le tracteur, même par temps humide. j’ai pu finaliser quelques planches de culture et reprendre un peu les plantations pour les derniers fruitiers en stock à planter. Aujourd’hui j’ai même planté mes premiers légumes sur le terrain ! Pour certains il était temps tellement les racines s’étaient échappées des plaques de cultures. C’est un peu le baptême du feu, ou plutôt des limaces, j’espère qu’elles n’auront pas tout dévoré d’ici demain… J’ai fait un autre test de plantation dans le potager de la maison qui s’est soldé par un échec… tout a été dévoré une nouvelle fois, partagé entre les limaces et les rongeurs… sans doute un peu tôt. C’est assez rageant, jamais nous n’avions eu d’attaque de rongeurs dans le potager et il faut que ça arrive maintenant.

Comme la pluie rendait le travail en extérieur compliqué ces dernières semaines, j’ai beaucoup semé dans la serre, et certaines choses plus que prévus (plus tôt et en plus grand nombre)…

Comme annoncé dans mon précédent billet, j’ai un peu customisé la table de semis de la maison pour la rendre rongeur prouf. Ceci dit je n’ai pas capturé un seul rongeur dans les pièges depuis que j’ai fait les adaptations. La dissuasion sans doute…

J’ai également mis en place les bacs de récupération d’eau de pluie pour l’irrigation des cultures. Une fois de plus j’ai des petits réglages de planéité à prévoir (si j’ai le compas dans l’œil, alors il doit être bien planté). J’ai la possibilité de les remplir par pompage si nécessaire. Il reste beaucoup de finitions à prévoir mais c’est à peu prêt fonctionnel.

la vente de plants devrait démarrer assez rapidement maintenant avec pas mal de plants de tomates pour commencer. Et peut-être les premières laitues ?

Du bon et du moins bon

Je suis un peu dans tous les sens ces derniers jours pour essayer de ne pas accumuler le retard, pas facile avec en particulier le temps qui ne me permet pas de faire les choses dans l’ordre que je souhaiterais et certains évènements imprévus. Le sol est détrempé en permanence et se déplacer sur le terrain ou travailler le sol n’est pas toujours possible.

J’ai tout de même pu avancer sur la serre à semis que je considère comme « terminée » pour cette année. Il reste des améliorations à prévoir et des évolutions pour augmenter le volume de production mais pour cette année se sera suffisant. J’ai passé quelques jours à fabriquer les tables et j’espère qu’elle tiendront dans le temps.

Je suis également en train de travailler sur la circulation dans le terrain. Depuis quelques semaines/mois étant donné les quantités d’eaux qui sont tombées, il m’est impossible de sortir le tracteur du terrain… Même en 4 roues motrices, la pente est trop glissante et tout se transforme en boue en quelques tentatives. J’ai donc créé un chemin en « pente douce » qui me permet désormais d’aller jusqu’en haut du terrain (hourra). Il me reste à créer une ouverture dans le talus, ce qui permettra ensuite d’envisager une circulation entrée -> sortie accessible en véhicule (moyennant une petite stabilisation préalable).

Ça c’est pour le positif, mais je vous ai dit dans un précédent post qu’on allait bien s’amuser, alors des petites tracasseries sont venues s’ajouter à la liste.

En attendant de finaliser ma serre à semis, j’ai commencé quelques semis dans la serre dédiée aux semis, chez moi. J’avais démarré quelques fruitiers, laitues, artichauts, pois, choux raves…. un chouette programme. Tellement chouette que les rongeurs s’y sont invités. J’ai d’abord perdu l’intégralité des fruitiers… rongeurs 1 – Victor 0. Et puis, malgré la pose de pièges et le piégeage de 2 souris (que je n’ai pas pris en photo, mais qui étaient magnifiques, que c’est beau !), je me suis progressivement fait ravager l’intégralité de mes semis, y compris certains qu’elles n’ont pas mangé mais qu’elles se sont ingéniées à sortir de leur logement… Sans doute juste pas curiosité de botaniste… En tout j’ai donc perdu entre 900 et 1000 plants… souris 2 – Victor 0…

Edit : Pendant que je rédigeais ce billet, j’en ai attrapé 2 supplémentaires, toutes les deux pelotonnées l’une contre l’autre dans la boite. Je précise que j’utilise des pièges non létaux et que je relâche ces petites boules de poils dans un lieu moins civilisé ou elle rencontrerons le bonheur ou leurs prédateurs favoris, une vie de souris normale, sans buffet à volonté.

Pour contrer l’invasion, j’ai donc installé temporairement une petite étagère improvisée dans le séjour de la maison, trop petit pour du long terme mais qui permettra de gérer l’urgence.

Dans les heures qui viennent je m’attellerai à une solution plus pérenne pour la table en elle même, un fort Knox du semis. J’espère ne pas avoir à en faire autant pour les tables que je vient de créer sur le terrain, la surface est plus importante et gérer des protections anti-rongeurs sera beaucoup plus difficile (voire extrêmement coûteux)… réponse la semaine prochaine lors des premiers semis (je vais y laisser une ou deux plaques de semis biens appétents et attendre une nuit ou deux) .

Je suis en train de travailler sur l’irrigation dans la serre également et j’enchaînerai par celle des cultures de plein champ. Le temps passe à une vitesse de dingue et les journées sont trop courtes !!! Mais tout avance plus ou moins en même temps et tout devrait finir par se rejoindre, même un peu tard.

Cette semaine j’ai eu une visite, la visite de monsieur Renard, il inspectait mes installations. C’est peut-être tout simplement lui la solution à mes rongeuses. Les choses ont parfois leur manière à elles de se résoudre toutes seules (clin d’oeil).

la carotte bleue existe.

Ça y est, les papiers sont déposés, la création de la carotte bleue est officielle avec siren, siret et tout et tout. On ne rigole plus. Ou bien si, aux éclats.

Je suis à la fois totalement excité et mort de trouille. J’ai comme l’impression de sauter une seconde fois, après avoir tout plaqué il y a deux ans pour me former et lancer ce projet. Cette fois le bébé est né et pas de congélateur assez grand pour l’y cacher :p.

Il reste beaucoup, beaucoup à faire et, même si j’ai pris le parti que les choses seraient comme elles seraient pour cette première saison, le vertige est là. Une saison tout en tests et en petits objectifs, avancer à petits pas, accepter de ne pas pouvoir tout faire tout de suite.

Vaincre les doutes et laisser plutôt s’exprimer l’excitation : expérimenter, apprendre, créer, essayer de faire avancer mille petits projets qui formeront un grand tout, essayer d’anticiper…. Un peu.

Il y a quelques mois tout n’était que ronces et taillis, désormais l’horizon apparaît. Allons voir ce que la lumière apporte maintenant, ici. Peut-être qu’elle pourrait s’y plaire et rester ? … Beaucoup ?

Longue vie à la carotte bleue… Et à la folie.

Silence, mais ça avance

Un petit post après un long silence 🙂 Il s’est passé beaucoup de choses et il s’en passe encore beaucoup. Encore une fois, le parcours est tel que faire les choses dans l’ordre est quasi impossible. Il faut parfois « anticiper » certaines étapes, en ajourner d’autres…

J’ai reporté la création officielle de la structure juridique de l’exploitation à Janvier 2024 pour des raisons administratives principalement mais qui ont des conséquences sur la partie financière (MSA, impôts…), ce qui complique un peu la partie investissements, puisque je suis pour le moment soumis à la TVA. Ce n’est pas vraiment un problème à ce stade, j’ai tout de même tout ce dont j’ai besoin pour avancer. Mais ça veut aussi dire que certaines chantiers un peu compliqués devront être fait au dernier moment, ou que la première saison sera un peu en mode débrouille sur certains points (irrigation en particulier, serre de culture).

Le jardin a plutôt bien donné cette année malgré un démarrage difficile. Courgettes de toutes les couleurs et à foison, pas mal de courges (pâtisson, butternut, potimarron…) et finalement pas mal de tomates même si elles sont arrivées tardivement. Et puis, carottes tordues, haricots… Beaucoup de fleurs partout (bleuets, tagètes, mufliers, mauves, camomille, cresson…) . Je n’ai pas encore de séchoir cette année, donc pas séchage (des tests uniquement) mais la récolte de semences pour l’an prochain est plutôt bonne.

Je suis en train de préparer des petites planches pour planter quelques choux et laitues, des essais de variétés qu’on verra bien si ça marche 🙂

J’ai remis les mains dans la terre après quelques temps de travaux autres (terrassement, montage de serre… mais chut) et ça fait beaucoup de bien ! Nettoyage de certaines planches et semis d’engrais verts et/ou couverts végétaux, quelques tests encore. Tout n’est que tests cette année 🙂

L’autre grande nouvelle est que j’ai signé pour un second terrain presque plat ce qui va me permettre d’envisager l’installation de serres de cultures. Pour le moment j’ai implanté deux serres à semis (assez petites) et les pentes ne me permettaient pas vraiment l’installation d’une serre de culture sur le premier terrain à moins d’un gros (gros gros) chantier de terrassement. c’est un soulagement d’avoir trouvé ce terrain. Il était cultivé en conventionnel jusqu’il y a quelques semaines, la période de conversion a démarré (11/10/2023 officiellement) et il faut donc attendre maintenant 24 mois avant son passage en bio. Je prévois d’y mettre une petite serre de culture d’ici la fin de l’hiver et d’y cultiver une petite surface en maraîchage essentiellement dès le printemps.

Quoi qu’il en soit j’ai maintenant tout le foncier dont j’ai besoin pour mon projet, je n’ai plus besoin de me soucier de ce point qui est un peu la bête noire de toute personne qui souhaite s’installer. ouf !

J’ai également repris le défrichage depuis quelques semaines (fin de période de nidification des oiseaux) et je pourrais bientôt dessiner les premières planches sur le terrain principal. Je pourrais également planter les premiers petits fruitiers que je garde depuis plusieurs semaines dans la jardin et qui commencent à souffrir dans leurs pots. J’en profite pour faire mon bois de chauffage pour l’hiver 2024.

J’ai également commencé quelques boutures : de framboisiers pour augmenter un peu le linéaire, et quelques vivaces (romarin, lavande, hélicryse…).

Je dois bien avouer avoir passé une période de doutes cet été, pendant l’attente de la fin des délais de préemption et aussi parce que mon corps me rappel régulièrement ma vie professionnelle précédente (le cul sur une chaise) à coup de courbatures, tendinites, mal de dos… Mais il suffit que je m’arrête une minute pour regarder la vue et pour me retourner sur le travail accompli pour me dire que le plus dur est derrière. Devant, peut importe ou mène le chemin, je suis.

On tient le bon bout de la carotte

Depuis janvier le temps s’est encore un peu accéléré. Côté formation déjà, en janvier j’ai pu déposer et soutenir mon dossier technique qui a été validé. En février j’ai pu suivre l’option production de semences qui s’est elle-aussi terminée par la production d’un dossier et une soutenance (validé). Enfin en mars c’était le tour de l’option permaculture qui s’est terminée par un travail de groupe que nous avons présenté devant un jury puis défendu individuellement (validé également). Il reste encore un peu de travail avant la libération puisque en juin j’aurai à nouveau deux oraux. Un oral technique (pour lequel nous préparons actuellement 3 fiches techniques que nous aurons à présenter), et un oral projet, LE dossier projet, sur lequel je suis en train travailler en ce moment et qui me prend beaucoup (beaucoup) de temps.

Malgré tout la serre à semis est en place et la table à semis construite. les semis sont semés pour partie, en retard, mais ça pousse. L’objectif n’est pas de produire pour la vente cette année donc les plants sont principalement pour la famille. Ce projet de reconversion oblige à des restrictions budgétaires assez significatives 🙂 et donc la recherche d’une certaine autonomie est de rigueur.

Les chiffrages, projections, calculs…. m’autorisent à penser que le projet est viable mais que les deux années à venir seront difficiles ; je suis convaincu que le jeu en vaut la chandelle.

Côté préparation des terrains, ça avance doucement depuis quelques semaines. Je me suis principalement consacré à ma formation et, forcément, impossible de rédiger les dossiers la grelinette à la main. Et là on touche le point difficile dans un projet de reconversion, en tout cas pour moi, la frustration ! Suivre la formation, monter la structure juridique, travailler sur les futures productions, l’organisation de l’exploitation, le design de l’exploitation, cultiver au moins un peu… Impossible de tout mener de front et il est facile de débuter une tâche en pensant aux autres que l’on devrait être en train de réaliser aussi. Moralement c’est clairement le plus dur, voir le temps défiler en ayant l’impression de ne pas réussir à tout faire ou en craignant de se tromper de priorité. De mon côté ça se traduit par quelques nuits blanches et par moment beaucoup de mauvaise humeur (oui oui ça m’arrive).

Je n’ai pas vraiment de solution dans ces moments là, pas d’autre que prendre quelques bonnes inspirations, s’asseoir quelques instants et essayer de faire le bilan de tout ça, le chemin déjà parcouru. Aussi, j’essaie de mettre moins de choses dans ma liste de choses à faire dans la journée, j’essaie d’accepter les imprévus et je fais plutôt la liste de ce que j’ai fait dans la journée, à la fin.

Ma compagne m’a demandé il y a quelques jours si j’étais heureux de me lancer dans ce projet. Extérieurement je comprends que la question puisse se poser, c’est une période stressante, je suis très concentré en permanence en train de me questionner sur les décisions à prendre… Mais, paradoxalement oui ! C’est aussi une période excitante, un sentiment de liberté de pouvoir prendre mes décisions et orienter les choses comme je le souhaite. c’est aussi un vrai bonheur de ne plus être enchaîné à un bureau et pouvoir passer la majeur partie du temps dehors. Je vis avec les renards et les écureuils qui me rendent visite. Après des décennies passées sur une chaise de bureau, mon corps me fait parfois payer cette nouvelle vie mais je me sens vivant.

Les méandres de la création

Quelques petites nouvelles après de longs mois de silence. enfin, de longs mois… Le temps passe à une telle vitesse que j’ai l’impression d’avoir rédigé mon dernier billet la semaine dernière.

Le défrichage du terrain avance tranquillement, pas aussi vite que ce que je souhaiterais bien entendu, mais il faut reconnaître qu’il y a eu pas mal de changements depuis juin.

Je dois en même temps composer avec le temps que me prend mon BPREA, avec la vie de famille et avec les nombreuses démarches à effectuer (et là aussi en terme de défrichage je vous raconte pas le boulot).

Côté études je viens de finir de rédiger mon dossier technique (plus ou moins un rapport de stage) que je soutiendrai fin janvier. Il reste ensuite 2 rapports à rédiger (un dossier de fiches pratiques et un dossier projet) avec des soutenances en mai et juin. J’avoue avoir bien sous estimé le travail à fournir pour ce BPREA et tout ça me prend bien plus de temps que prévu. Temps en moins pour la préparation du terrain.

Côté démarches, ça avance mais vraiment rien est fait pour aider l’entrepreneuriat. Chaque démarche demande qu’une autre soit effectuée au préalable et parfois cette démarche préalable demande que celle qui y fait référence soit effectuée en premier… Certaines doivent être faites plusieurs fois sous plusieurs formes auprès de plusieurs organismes différents, avec des délais d’instructions différents. J’imaginais bien que tout ça me taperai sur le système et que ça prendrais du temps, je n’imaginais pas à quel point j’étais encore loin de la réalité, de la perplexité dans laquelle me renverrai la bêtise abyssale de l’administration et du système en général.

Quoi qu’il en soit ma crainte de devoir repousser la première saison à 2024 au lieu de 2023 se confirme. Actuellement impossible d’imaginer être prêt à temps pour 2023. Sans compter que pour des raisons de montage administratif et d’aide au retour à l’emploi je dois repousser la création de la structure juridique à mi-2023 au lieu de janvier comme je le souhaitais initialement. Pour certains organismes on ne peut pas être en formation et créateur d’entreprise en même temps… Sous peine de ne plus rentrer dans aucune case et donc disparaître. Je n’ai pas les moyens de me passer de mon ARE sans remettre en cause le projet lui-même. Et au passage, si le système est bancal, je remercie quand même mes conseillers pôle emploi pour leurs conseils.

J’ai quand même lancé la commande d’une partie de mes serres, au risque de ne pas pouvoir déduire la TVA… Et de les mettre en place en avance, au risque aussi de me faire embêter par les règles d’urbanisme. Puisque pas de création d’entreprise = pas de siret = pas de reconnaissance en tant qu’entreprise et donc pas d’accès aux règles d’urbanismes agricoles…

Lorsqu’on respecte les règles il faut au minimum 3 ans pour une installation agricole… Comment vit-on dans cet intermède ? tout le monde semble s’en foutre royalement.

Utopie versus productivisme

Bon j’ai dit que j’essaierai de tout dire, le bon comme le mauvais, que j’essaierai de traduire ici les questionnements, les tâtonnements, les choses qui m’animent… Le mauvais je l’ai un peu fait dans un article précédent. Les questionnements il y en aura beaucoup, mais déjà ici un peu…

Je suis en ce moment dans une espèce d’entre deux chaises. Et même si choisir la bonne chaise n’est pas encore urgent, il va bien falloir à un moment asseoir une décision et si possible la bonne.

J’explique…

Lorsque je me lance dans mon projet de reconversion, je ne le fais pas en partant de totalement rien. J’ai eu l’occasion (et je continue) de lire des ouvrages, d’expérimenter dans mon jardin, de rencontrer des producteurs, des personnes en cours d’installation… En m’acculturant de la sorte je me suis forcément forgé un avis sur certaines pratiques, certaines orientations… Ce que j’aimerai, ce que j’appliquerai, et au contraire ce dont je ne veux pas, ce qui ne me convient pas… Mais je l’ai fait en tant qu’autodidacte, sans objectif professionnel et sans nécessité de rentabilité. J’ajoute à ça un passé un peu militant du logiciel libre (que j’utilise toujours exclusivement) ce qui fait que, nécessairement, j’envisage ma pratique « agriculturelle » sous un angle plutôt orienté vers la sobriété, l’écologie…

Je m’y attendais mais la logique productiviste et la logique de rentabilité sont celles qu’on nous enseigne en formation. Pour atteindre ses objectifs le maraîcher est aidé, de bâches plastiques de toutes sortes et pour tous usages, de tracteurs, de travail du sol, d’outils, de tuyaux d’irrigation, de forages, de semences améliorées (F1), de la science (plans in vitro), d’engrais… Et clairement d’un point de vue production ça semble marcher. Et sans juger les milliers de personnes qui travaillent avec ces aides matérielles, j’ai parfois l’impression que produire des légumes, même bio, relève plus de la guerre contre la nature. Reste que le plastique et le pétrole sont partout, et qu’il semble que ce soit normal. Encore une fois je ne reproche rien, c’est un constat. Ce qui me semble en revanche plus discutable, c’est que ce ne semble pas être une source de questionnement particulière. La durabilité des matériaux est rarement abordée, leur origine non plus et les alternatives quasiment pas. Par exemple, un tuyaux d’irrigation plastique qui dur 10 ans vaut peut être le coût ? Une bâche de paillage qui vie la durée de la culture en place parait nettement moins responsable, peut importe son prix.

En mon fort intérieur, j’ai parfois l’impression qu’on se trompe, j’ai parfois l’impression que le coût écologique de tout ça est disproportionné. Mais a-t-on le choix ? Est-ce utopique de tenter de produire sans tout ça ?
Peut on se passer d’une serre en Bretagne ? Sans doute pas. À moins de produire uniquement de mai à octobre (et encore beaucoup de choux et de poireaux).

Il y a aussi des personnes qui tentent de faire autrement, de trouver des alternatives, écologiques, économiques, sociales. Mais clairement ce ne sont pas des modèles mis en avant dans le cursus agricole. On trouve pourtant des pistes : en lisant « permaculture » du couple Hervé-Gruyer, en lisant « permaculture » de David Holmgren, en lisant « la révolution d’un brin de paille » de Masanobu Fukuoka. Certains semblent donc y arriver. Est-ce viable ? et d’ailleurs comment définir ce qui est viable ? Le seul indicateur réellement important actuellement semble être la rentabilité économique, le chiffre d’affaire par hectare. Le chiffre d’affaire par unité de main d’œuvre. Le volume produit…

En parallèle de tout ça le constat environnemental est assez angoissant : dérèglement climatique, accroissement des ravageurs, accès à l’eau… sans un minimum de « technologie » ces éléments semblent presque insurmontables.

Alors j’en suis là de mes réflexions. Comment réussir a concilier tout ça ? Produire moins ? Produire autrement ? Et comment ? Produire autre chose ? Produire moins longtemps ? Que faire alors le reste du temps ?

Je sais déjà qu’il me faudra un petit tracteur pour ne pas me tuer à la tache, pour porter les charges ,vu les pentes sur mon futur terrain. Déjà je transige… Une serre sans aucun doute… Et puis après, quoi d’autre ?

(le prochain article sera positif, promis 😀 )

la quête du foncier ou le terrain parfait

Si vous envisagez de vous lancer et que vous n’avez pas la chance d’avoir un parent agriculteur ou ancien agriculteur qui peut mettre à votre disposition des terres (prêter, louer, vendre…), alors je vous prédis quelques nuits blanches.

La recherche

Je cherche depuis quelques mois (années presque) activement et même frénétiquement depuis quelques semaines… et des nuits blanches j’en connais quelques unes (par exemple là maintenant pendant que j’écris ces lignes). Chercher en ligne sur internet, surveiller les sites de la safer, répertoire départ installation ou les sites plus ciblés comme terre de liens ou agro-bio, les sites d’annonces privés… C’est un bon début, mais pas suffisant. Les contacts locaux sont indispensables et ça peut être une partie difficile lorsqu’on a pas naturellement tendance à aller taper aux portes : parler aux voisins, aller voir les agriculteurs autour, y retourner régulièrement. Faire des relations publiques en somme. Même avec ça je commence juste à avoir des pistes (dont certaines se sont vites refroidies). Et même là, la patience est de rigueur. Si vous décidez de vous installer sur vos terres natales, vous gagnerez sans doute des points, on ne mesure pas le temps que prends de tisser un réseau de connaissance lorsqu’on s’installe quelque part et la méfiance des autochtones pour les nouveaux arrivants (attention hein ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je suis bien reçu à peu près partout ou je passe, mais ne pas être issu de la même terre reste parfois un frein à la transmission potentielle d’une terre).

Sans capacité agricole point de salut

Il y a aussi le fait d’être le cul entre deux chaises. Je suis inscrit en formation et j’aurai dans quelques mois la capacité agricole, mais l’accès à la terre n’est lui réellement possible qu’après obtention de ce fameux sésame. Pas encore diplômé donc pas prioritaire aux yeux de la safer (qui réglemente la vente des terres agricoles), avec toutefois la nécessité de prévoir une mise en place des cultures ( faire ou acheter les semis, semer, planter) en amont pour pouvoir lancer une première saison dès le diplôme obtenu. Et impossible de préparer cette installation sans avoir la terre et un minimum d’infrastructures en place, comme une serre par exemple… Indispensable en Bretagne. Et une serre ne se pose pas juste comme ça au milieu d’un champ.

Mon diplôme devrait être effectif en juin 2023, si j’accède au foncier à partir de cette date, la saison 2023 sera déjà foutue. Cela signifie que si j’attends ma capacité, je ne pourrais réellement commencer à produire qu’en 2024….

Quand je vous dis que ce n’est pas simple:)

Le « bon plan »

Une dernière solution est de dégoter une terre « dont personne ne veux » (si aucun acheteur prioritaire ne se positionne dessus, alors vous aurez une chance de pouvoir l’acheter ou le louer, mais si personne n’en veut il y a sans doute une raison… ou plusieurs) ou de rencontrer un propriétaire convaincu par votre projet et prêt à vous supporter en vous mettant de la terre à disposition (avec option d’achat à l’obtention de votre diplôme par exemple).

Acheter ou louer ?

Il y a des avantages dans les deux cas. Louer vous permet de vous tester sans investir massivement et de vous déplacer si le terrain ne s’avère pas en accord avec vos productions (c’est mieux de s’en assurer avant de commencer mais bon). Ce la vous permet aussi de démarrer si vous n’avez pas les moyens d’acheter et pas envie de recourir aux banques. En revanche, même si un bail agricole protège relativement bien le locataire, le risque est de devoir en partir contre son gré alors qu’on a massivement investit dans le travail de son sol. Quand on a passé plusieurs années à travailler son sol pour le rendre productif et compatible avec son mode de production ça peut être une très grande perte. Je n’écarte pas la location, mais pour des terres « complémentaires » uniquement, qui me permettrait de faire pâturer les chevaux et produire du foin (pour les chevaux et pour le paillage).

Et donc vous l’aurez compris je suis plutôt favorable à l’achat, en tous les cas pour le socle de l’exploitation qui accueillera les cultures et les bâtiments.

LE terrain

Mon objectif d’essayer d’éviter de recourir aux banques. Ce qui veut dire ne pas acheter une exploitation de 40ha ou plus avec un endettement à vie. Le hic c’est que c’est précisément ce que vendent les agriculteurs qui partent à la retraite (avec des milliers de mètres carrés de bâtiments, des parcs de tracteurs…). Ces mêmes agriculteurs sont peu enclins à morceler l’exploitation en vendant une partie seulement (et c’est compréhensible, une exploitation amputée pourra parfois ne plus être en adéquation avec le bâti et le matériel…). Autant dire que ça ne facilite pas un retour à la paysannerie.

De mon côté le soucis se situe au niveau de la gestion des chevaux. Seul avec un peu de mécanisation je pourrais tout à fait partir sur une petite surface (moins d’un hectare). Mais si je veux intégrer rapidement un cheval de trait (et faire venir mes deux chevaux de loisirs sur l’exploitation) on parle tout de suite de beaucoup plus. Un minimum de 5 ha est à envisager, idéalement entre 8 et 10 serait parfait. Encore une fois tout ça peut se faire progressivement, mais un des gros frein à la traction animale c’est le fait que les parcelles d’une exploitation ne soient pas regroupées. Déplacer les chevaux et leur matériel de quelques kilomètres à chaque intervention sur une parcelle est extrêmement chronophage.

Et puis il y a aussi toutes les autres considérations : orientation du terrain, pente, nature du sol, irrigation… à prendre en compte. Donc même une fois sur la piste d’un terrain, ce ne sera peut-être pas le bon pour des tas de raisons.

En attendant

Un peu épuisé par mes recherches, celles DU terrain idéal, j’ai décidé d’arrêter de me biler et d’essayer de commencer petit et de faire progressif. Plutôt que tourner en rond comme une souris dans son bocal, j’ai décidé de me faire un bac à sable dans le jardin en mode micro-ferme. Donc en cours : préparation de nouvelles zones de cultures. Je vais également agrandir le potager familial. Il y a pas mal de plantations que je n’ai pas lancé à l’automne (nouveaux fruitiers notamment) et que je lancerai sans doute au printemps. Le terrain n’est pas idéal pour plein de raisons, mais le terrain idéal n’existe pas, alors autant commencer maintenant. Ça me laisse environ 3000 m² utilisables en mode découverte (nous avons déjà un potager qui occupe une 100 aine de mètres carrés pas du tout optimisés). Ce site restera en mode permaculture comme une zone de test et d’essais mais au moins ça permet de se concentrer sur le fond de l’affaire. Le plus dur est de devoir attendre de lancer le volet traction… patience.

Ajout de dernière minute

Au moment ou j’écrivais cet article, j’ai été pris d’un petit coup de sang et j’ai décidé de lancer un appel sur le groupe facebook de mon village. J’ai été faible. Et bien j’ai eu des retours et des contacts très sympas. J’ai deux pistes que je suis en train d’explorer avec je l’espère des opportunités à venir. Comme quoi…

Les sites pour la recherche de foncier :

Safer : https://www.safer.fr/

répertoire départ installation : https://www.repertoireinstallation.com/index.php

objectif terres (terre de liens) : https://www.objectif-terres.org/

agrobio : https://www.agribiolien.fr/